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Le château de Vignory (XIe-XVIe siècles)
Parmi les nombreux châteaux qui ont couvert le sud-est de la Champagne au Moyen Age, celui de Vignory est l'un des derniers subsistants.
Son origine remonte au tout début du XIe siècle lorsqu'un certain Gui s'installe à Vignory pour y faire bâtir son château et l'église romane que vous pouvez encore admirer dans le village. La châtellenie de Vignory était assez importante à cette époque car elle englobait une vingtaine de villages et, à partir du milieu du XIe siècle, ses seigneurs comptaient parmi les fidèles des comtes de Bourgogne puis des comtes de Champagne. Gui fut le premier seigneur de la famille " de Vignory " qui s'éteindra dans la deuxième moitié du XIIIe siècle.
Les " Vignory " et leurs successeurs ont constamment remanié et fait évoluer leur château pour se prémunir des attaques et marquer leur puissance. Ainsi, les vestiges que vous allez découvrir forment un ensemble hétéroclite embrassant 4 siècles d'architecture militaire (milieu du XIIe siècle - fin du XVe siècle).
Le château se compose de deux éléments distincts : la Haute-Cour (A) et la Basse-Cour (B).
La Haute-Cour était la partie où vivaient le seigneur, sa famille et ses invités. Elle était close par des remparts et des tours dont quelques unes subsistent (5, 6, 7, 8). On y pénétrait par une porterie constituée de deux tours (9, 10) encadrant une herse amovible.
Le seigneur vivait dans une grande demeure (4) qui a brûlé peu avant la Révolution. Une chapelle (2), elle aussi disparue, lui permettait de suivre les nombreuses messes ponctuant la journée sans avoir à se déplacer à l'église paroissiale. Ce lieu de culte servait aussi de " nécropole " aux seigneurs qui avaient leurs tombeaux dans la crypte.
Une citerne souterraine (3) récoltant les eaux pluviales permettait l'approvisionnement en eau, donnée très importante en cas de siège ou de sécheresse.
Le principal édifice de cette partie était le Donjon (1). Malgré l'effondrement de sa toiture en 1913 et la perte de ses planchers, ce monument reste le plus important de tout le château. Il date en effet du milieu du XIIe siècle ce qui en fait l'un des plus anciens et des seuls conservés dans la région. Les seigneurs de Vignory y recevaient l' " hommage " de leurs vassaux, c'est-à-dire une confirmation d'usufruit sur des terres appartenant à Vignory. L'entrée primitive se trouvait au 1er étage, le rez-de-chaussée n'ayant aucune ouverture. On y accédait par un escalier ou une échelle escamotable posée sur le palier extérieur. On distingue encore les trous de boulins qui en recevaient les poutres. Cette porte a plus tard été transformée en fenêtre. Une nouvelle porte, entourée de pilastres à chapiteaux de style ionique, a été percée au rez-de-chaussée au cours du XVIe siècle. Photos donjon avt 1913 et chapiteau chateau
B- La Basse-Cour
Des remparts et des tours protégeaient l'ensemble (12, 13, 14, 15, 16, 17, 18). Les tours 13 et 14 constituaient le principal accès au château : une herse condamnait la porte et un pont-levis permettait de traverser un fossé sec, profond de 10 mètres, taillé dans la roche. Il est à noter qu'un premier fossé le précède de 50 mètres, ce qui constitue une rareté dans le système défensif des châteaux de la région.
La basse-cour était réservée aux domestiques et aux fermiers. Ces derniers approvisionnaient le château en nourriture grâce à la ferme (21) et au pigeonnier (19). Egalement appelé colombier, il symbolisait la puissance du seigneur. En effet, chaque trou de boulin (niche) correspondait à une superficie de terre possédée. Le pigeonnier a compté jusqu'à 1200 trous de boulins, ce qui démontre l'étendue du comté de Vignory.
La Tour Canonnière (12) a certainement été construite vers 1490-95 par Jean de Baudricourt (le fils de Robert, qui accueillit Jeanne d'Arc à Vaucouleurs). Ses 20 mètres de diamètre, ses murs de 7 mètres d'épaisseur et ses canonnières en faisaient le verrou défensif du château. Reliée aux remparts de la cité, elle défendait le versant sud au niveau de la Porte de l'Etang ainsi que l'accès par le plateau.
Le château de Vignory a bravé l'injure des siècles mais non sans mal. S'il a échappé aux destructions de la Révolution, les différents propriétaires du XIXème siècle ne l'ont pas épargné, les pierres de la maison seigneuriale ont servi pour la construction de l'ancienne gendarmerie, les planchers du donjon ont été démontés, la tour au puits diminuée de 2 niveaux et le pigeonnier dynamité.
Le 17 février 1883, la commune de Vignory est devenue propriétaire de la Haute-Cour. Le 2 octobre 1989, le Donjon, la Tour aux Puits ainsi que les Courtines sud sont classés Monuments Historiques, marquant depuis ce jour la volonté de préserver et de mettre en valeur un site unique dans la région.
